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Le Rituel de l’Enfantement
Où est expliqué comment créer une force magique
Auteur: Attila, 2009
Article initialement paru dans le premier numéro de la revue La Sève des Mystères : La Grande Mère.
Les trois visages de la Mère
Il est logique pour l’esprit humain de considérer la source de son origine comme la Grande Mère, Matrice de toutes choses. À l’image de la vie animale qui se développe et prend forme dans le ventre de la femme-mère, l’homme a considéré, par analogie, que la vie est apparue et s'est développée par l’activité d’un principe immanent appelé la Mère. Celle-ci représente l’anima, c’est-à-dire le souffle, le mouvement d’aspiration (vie) et d’expiration (mort), l’énergie dynamique qui, telle Shakti, met l’univers en mouvement.
Peinture de William Blake représentant Hécate |
La Mère possède de multiples visages. À l'image d'Hécate qui a trois faces, nous pouvons distinguer trois aspects-clés de la Mère : sa forme Créatrice, sa forme Préservatrice ou Protectrice, et sa forme Destructrice. La Mère est présente dans les trois phases de la vie : la vie émane d’Elle, Elle la supporte et la nourrit, et enfin Elle la résorbe en Elle. L'être humain perçoit cette trinité matriarcale dans la triple manifestation de l’activité de l’Énergie – la force permet de bâtir, d’entretenir et de détruire – et dans les trois moments du cycle de la Nature que sont la naissance (création), la vie (préservation) et la mort (destruction).
Une autre illustration de ces trois formes de la Mère est la Trimurti féminine hindoue composée de Sarasvatî, de Lakshmi et de Parvati. Sarasvatî, épouse de Brahmâ (Principe Créateur), est la force de la Connaissance et de l’Art ; Lakshmi, épouse de Vishnu (Principe Préservateur), est l’Énergie de la Prospérité, de l’Abondance et de la Diversité ; enfin, Parvati, épouse de Shiva (Principe Destructeur ou Transformateur), est l’énergie de la Puissance, de la Manifestation ou de l’Action. Ce lien intrinsèque entre les divinités masculines et leurs parèdres enseigne que toute Création (Brahmâ) nécessite la Connaissance et le Savoir-faire (Sarasvatî), que toute Préservation (Vishnu) passe par l’Abondance et la Diversification (Lakshmi), que toute Transformation (Shiva) est mue par la Manifestation ou l’Énergie dynamisée (Parvati).
Le rituel de l'enfantement
Les lois occultes étant universelles, ce qui agit dans le Macrocosme agit aussi dans le Microcosme, et inversement. La Trimurti féminine peut ainsi servir de modèle pour comprendre les trois étapes essentielles de toute action occulte. Prenant exemple sur ce ternaire, nous pouvons donc entreprendre l'action magique en suivant trois grandes phases : il faut créer en agissant en connaissance de cause (connaître l’art de réaliser la chose), préserver en nourrissant cette chose (l’enrichir de force et de substance) et l'amener à la manifestation de sa force, ce qui correspond à une transformation ou destruction. Ainsi, tout rituel comprend tout d’abord le savoir et le savoir-faire, puis le développement ou la multiplication de la substance, pour terminer par la manifestation ou l’apparition dynamique de la construction.
Cette division en trois étapes peut être illustrée par l’enfantement, que je considère ici comme englobant tout le processus de la création à la libération de l’enfant du ventre maternel. Ainsi, le mage peut enfanter une création magique à l’image de la Mère, en suivant l'analogie de la conception d'un embryon (création), de son développement en le nourrissant d'énergie (préservation) et de sa naissance ou manifestation (transformation).
Imaginons que le mage envisage de créer une force vivante ou serviteur magique pour appuyer ses actions occultes, par exemple celles liées à l’élément Feu. S'il veut suivre le modèle de la conception humaine, il doit faire appel à un principe masculin ♂ et à un principe féminin ♀. Il existe différentes manières de remplir ces deux conditions et l’analogie en est la clé. Le mage peut par exemple pratiquer la magie sexuelle avec un(e) partenaire; dans ce cas, les deux occultistes unis sexuellement représentent respectivement les principes masculin et féminin et leur énergie sert à créer un « enfant magique ». Un autre exemple de conception d'un tel être magique est d'appliquer le procédé de formation d'un homunculus ou petit-homme décrit par Paracelse, comme je l'ai expliqué dans un article écrit précédemment avec Aude.
Dans cet article-ci, je vous présente un rituel simple et efficace qui permet à tout mage de créer une forme de vie élémentaire, en utilisant deux supports matériels pour représenter les principes masculin et féminin.
Les préliminaires
Le mage doit tout d'abord choisir et se procurer un élément qui va jouer le rôle de pôle masculin. Le principe mâle doit être représenté par un élément qui initie l’action, qui porte en lui assez de vitalité pour que l’aspect féminin puisse s’en nourrir et se mettre en mouvement. Il doit être un concentré de feu vital ou un symbole masculin (par exemple une représentation phallique comme un lingam, un menhir, une épée, etc.). Un objet simple et vital qui réunit les éléments principaux du symbole phallique est l'œuf frais, non cuit.
Le mage va marquer l'œuf de l'idée pour laquelle il opère, ce qui est une étape essentielle. Il peut inscrire sur l'œuf avec une encre indélébile le motif de cette création ou percer délicatement un des sommets de l’œuf et y introduire un petit bout de papier sur lequel il a inscrit le rôle que doit jouer la force qu’il veut créer (dans notre exemple, celui de renforcer les actions magiques liées à l’élément Feu), puis le reboucher avec précaution. Pour fermer hermétiquement le sommet percé, il peut faire couler de la cire sur le « bouchon ». Le mage peut aussi teindre l’œuf d'une couleur en analogie avec sa fonction (ici, du rouge car c'est la couleur du feu). Tandis que le mage fait cela, il doit s’identifier le mieux possible au principe masculin – pour cela, le meilleur moyen est de charger l’œuf d’une énergie provenant d’un effort soutenu – mais chercher à être en analogie avec le but de l’action que l’on entreprend est aussi nécessaire.
Dans notre exemple, on peut imaginer que le mage s’installe torse nu entre trois feux, avec son œuf en main ; il demeure dans cette position le plus longtemps possible et dirige sans cesse l’énergie de son effort et des feux dans l’œuf en y imprimant sa volonté. On peut aussi imaginer que le mage, tenant l’œuf en main, saute plusieurs fois au-dessus d’un grand feu, comme à la Saint-Jean, ou bien encore qu’il charge l’œuf d’une émotion intense en analogie avec le feu, par exemple l'enthousiasme ou le courage. Il peut également, en tenant l'œuf dans la main droite, passer sa main régulièrement dans les flammes en répétant une formule qui affirme la volonté et le désir du mage de nourrir l'œuf de la force du feu et des flammes.
Ce ne sont que des exemples de méthodes de charge ; l'essentiel est que l'objet devienne un concentré de la force vitale masculine chargée du souhait de l'être auquel il va donner ultérieurement naissance, qu'il matérialise et condense tout l’effort que le mage a développé à ce moment-là. Au magicien de mobiliser toute son imagination et sa compréhension des analogies pour trouver ce qui peut consacrer l’œuf de la force souhaitée (ici le Feu). Il existe également des procédés plus tranquilles pour charger l'œuf. Par exemple, si le mage s'adonne plus volontiers à la méditation, il peut accumuler dans l'œuf l'énergie spirituelle qu'il parvient à manifester en lui : voyant cette lumière en lui, il lui suffit de la faire pénétrer dans l'œuf, comme un premier ensemencement, celui de la substance par le principe spirituel. Il peut aussi placer l’œuf en plein soleil pendant la journée afin qu’il bénéficie de l’énergie du rayonnement solaire.
Le mage doit ensuite préparer la matrice féminine qui va recevoir, nourrir, protéger et libérer la force vivante. Pour jouer ce rôle, il doit prendre un élément réceptif et protecteur, un contenant capable de préserver et de protéger son contenu. Le mage peut prendre un pot en terre cuite neuf, qu’il remplit de terreau. Il mélange à ce terreau un ou plusieurs autres ingrédients riches en vitalité et en énergie féminine comme de l’humus, du compost, du lait, de l’eau, etc. Ainsi préparé, le réceptacle sera très fortement chargé du rôle et de la force maternelle car tous ces éléments sont analogiquement attachés à la féminité et la maternité. Il ne restera plus ensuite au mage qu'à charger ce pot d'énergie féminine en suivant les mêmes principes que pour l’œuf, par exemple en le présentant aux rayons de la lune.
L’accouplement et la fécondation
Lorsque le germe masculin (l’œuf) et la matrice féminine (le réceptacle de terre) sont prêts, le mage enfouit son œuf dans le terreau assez profondément et le recouvre. Cette opération doit être entreprise dans l'état d'esprit de l’amant(e) qui s'unit à son aimé(e). Le mage doit être doux et délicat en touchant la terre : il l'effleure, comme s’il caressait l'être qu'il aime, avec respect et admiration. On peut voir d'ici certains sourires face à ces gestes et cette attitude si « déplacée », mais qu’on ne s'y trompe pas : la force du mage réside dans sa capacité à transformer et sublimer la matière en spirituel, le visible en invisible. Il n’y a pas de différence entre cette attitude et celle du prêtre qui transforme le pain et le vin en corps et sang christiques. Plus le mage parvient à manifester un réel sentiment de plaisir, comme s’il était avec un amant ou une amante, plus il arrivera à dégager et attirer de force mais aussi une certaine maîtrise sur l'énergie provoquée par le rituel.
Le mage doit continuer ce rituel, l’esprit orienté vers l’idée qu’il crée un enfant, qu’il ensemence la Mère divine d’une nouvelle forme de vie, d'une nouvelle manifestation. La méthode méditative peut également intervenir à ce stade. Le mage qui préfère la méditation à la voie de la transe et des passions peut placer l'œuf lentement dans la terre contenue dans le pot, en demeurant concentré sur l'œuf et la terre en même temps et en méditant sur l'unité des deux polarités et sur la force vitale que cette union va engendrer.
La gestation
Une fois l'union « consommée », c'est-à-dire lorsque l'œuf est placé dans la terre et recouvert, vient le moment de la gestation. Une grande partie du travail restant sera effectué par la Mère, symbolisée par le pot de terre. Le mage y participera en enrichissant d'énergie la terre et en la chargeant de l'idée nécessaire.
Durant toute cette période de gestation, le mage va enrichir la terre de la matrice des substances que nous avons citées plus haut (eau, lait, humus, etc.) car elles vont nourrir de leur énergie vitale celle de l'œuf. En même temps, il se concentrera sur son but (dans ce cas-ci, nourrir et développer un être qui appuiera ses actions magiques liées au Feu) et priera la Mère de le nourrir et de le protéger.
Cette offrande de substances doit être faite dans l'état d'esprit en adéquation avec le rituel, c'est-à-dire en prenant conscience que la matrice est l'athanor dans lequel s'opère l'œuvre de la Nature. Le mage, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, sera considéré comme le principe masculin et fixe alors que le pot de terre est identifié au ventre de la Mère, porteuse de vie. Le mage demande à la matrice-mère magique (le pot contenant l'œuf) de bien s’occuper du germe ou de l’embryon qu'elle porte en son sein, de le nourrir et de le protéger afin qu’il grandisse convenablement. Il devra manifester envers elle l'attention et le respect du Père attentif à la Mère qui porte vie. Ce respect et cette identification confèrent un aspect sacré à l'acte magique ainsi qu'aux différents éléments qui y participent.
La gestation va durer plus ou moins longtemps selon la volonté du mage. Comme tout le reste, c'est dans l'analogie et la correspondance que nous trouverons la périodicité. L'analogie la plus directe et la plus simple est que le mage accorde une gestation de neuf mois à sa création, à l'image de la gestation humaine. Si le mage se décide à suivre le cycle de neuf mois, cela signifie concrètement qu'il va laisser l’œuf en terre pendant neuf mois.
Une autre analogie est celle de la lune. Cette analogie entre la Mère et la lune est très ancienne. Ainsi, le lien entre le cycle des menstrues féminines et le cycle lunaire de vingt-huit jours est reconnu et célébré depuis la nuit des temps. En résumé, voici les différentes phases lunaires et leur symbolisme :
Nouvelle lune : création et conception Lune croissante : développement et croissance Pleine lune : maturité ou manifestation pleine et entière Lune décroissante : décroissance et vieillissement Lune noire : mort et destruction |
S'il choisit de suivre le cycle lunaire, le mage devra procéder à la conception de l'être, c'est-à-dire à la charge de l’œuf et à sa mise dans le ventre de la Mère-pot, en nouvelle lune, lorsque celle-ci est prête à commencer un nouveau cycle de manifestation et de résorption. La nutrition et la croissance de cet embryon magique se feront en lune croissante. Enfin, la libération de l'être magique se fera le jour de pleine lune, qui est celui où l'influence de l'astre est la plus sensible et où elle apparaît pleinement. Notez que les notions données ci-dessus sur le lien entre les phases lunaires et la création d’un être magique permettront au mage non seulement de le créer mais aussi de réduire sa force, voire de le détruire si nécessaire. Pour cela, le mage devra opérer en lune décroissante et terminer son œuvre de destruction en lune noire.
La naissance et la vie
Quand le moment de la « naissance » ou de la manifestation est enfin venu, le magicien prend le pot de terre, le place devant lui et active la force créée en l’appelant du nom qu’il souhaite lui donner. Il peut par exemple insuffler son énergie vitale dans ce pot en soufflant dessus et en l'exhortant à vivre. Il lui donne ainsi naissance et vie au cours d'un rituel de son choix, où il lui répète son nom et sa fonction. Une méthode classique consiste à baptiser le pot chargé de vie du nom secret qu'il veut donner à son enfant magique, dans une cérémonie analogue à celle du baptême de sa tradition.
La force créée est toute destinée à sa fonction, qui est inscrite en elle, comme si des gènes invisibles l'avaient formée et programmée à cette activité. Ces « gènes magiques » trouvent leurs sources dans la formule que le mage a initialement introduite dans l'œuf ou écrite sur sa coquille et ils ont été développés et multipliés par la charge régulière du mage pendant toute la gestation. Une fois que ce « serviteur » occulte est né, le mage peut recourir à son aide et ses capacités quand il le désire. Il lui suffit de prendre le pot devant lui, d’appeler la force par son nom secret et de lui demander ce qu'il souhaite, comme Aladin qui demande ce qu'il désire au génie lorsque ce dernier lui apparaît.
Tout au long de l’existence de cette force magique, le mage devra continuer de la nourrir en alimentant régulièrement la terre de substance vitale. Si le mage a suivi le rythme lunaire lors de la création de l'être, il est préférable qu'il continue d'utiliser ce même rythme et qu'il ne l'alimente qu'en lune croissante, laissant la terre se reposer pendant la décroissance de cet astre. Le mage doit également considérer avec respect le réceptacle qui faisait fonction de matrice car il joue dorénavant le rôle de corps physique de son serviteur. De mère, cette coupe est devenue « chair ».
Ce glissement est tout naturel car la Mère Nature est la déesse de ce monde et de tous les êtres qui y vivent. C'est Elle qui donne et préserve toute vie. Dans la pratique magique, le mage apprend qu’il ne peut rien créer de par sa seule volonté, il a besoin à tout moment d’une force sur laquelle appuyer son désir, une force qui viendra renforcer, alimenter et donner forme à ce désir. Cette force est celle de la Déesse-Mère ou Énergie universelle.
L’acte magique doit être vécu comme un pur acte d’amour et d’union entre le mage et l’énergie, entre la conscience et l’énergie divine. Émettre un désir de réalisation, c’est ensemencer la matrice magique et invisible. Le mage n'est en finalité que l’amant et l’époux de la Force divine.