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Le gardien du seuil

 

Auteur :  Aude, le 8 février 2008

Article en PDF: fichier-pdf-icone-5363-16

 

Le gardien du seuil est une entité protectrice qui veille sur une connaissance ou un monde, que ceux-ci soient extérieurs ou intérieurs à nous. Dans cet article, je parle uniquement du gardien intérieur ou personnel et de mon expérience à ce sujet.

 

Le gardien personnel

 

   Le rôle de notre gardien est de veiller sur nous, de nous aider et de nous protéger. C'est la raison pour laquelle le gardien du seuil est, entre autres, le garde de notre inconscient. Posté à la porte entre notre conscience et notre inconscient, il nous empêche de pénétrer dans ce dernier tant que nous ne sommes pas prêts à affronter tout ce que nous y avons refoulé. Notre inconscient contient les souvenirs, les instincts, les émotions et les pensées face auxquels nous étions trop démunis. Comme nous ne pouvions pas les accepter ou les gérer, notre gardien a pris soin d'« enfermer ces squelettes dans le placard » et de veiller au seuil de ce gouffre qui nous avalerait si nous y pénétrions trop tôt.

 

Pour nous empêcher d'entrer dans cette partie de notre être, le gardien cherche à nous effrayer. Il prend donc une apparence terrible à nos yeux. Sa forme dépend de notre symbolique, de nos références conscientes et inconscientes. Il peut par exemple apparaître sous celle d'un animal physique ou mythique, comme ce fut le cas pour moi. Tant que nous n'avons pas « vaincu » ce gardien, il nous domine en nous manipulant à travers nos peurs, nos pulsions, nos besoins, .... Il reste maître de nous tant que nous ne nous sommes pas montrés maîtres de lui. Cette présentation peut donner l'impression que le gardien du seuil est un être négatif, une opposition que nous devons combattre et tuer mais cette vision duelle est erronée. Si le gardien est notre maître tant que nous ne nous sommes pas montrés dignes de le vaincre, c'est pour mieux nous protéger. Comment pourrions-nous diriger sa puissance si nous avons peur de ce qu'il représente ? Et comment pourrions-nous affronter et accepter sans devenir fou le contenu de notre inconscient si nous n'avons pas surmonté notre plus grande crainte ?

gardien
Figure alchimique de Lambsprinck

Le gardien du seuil est souvent représenté dans les récits et les légendes par un dragon gardant un trésor ou une belle jeune fille, symboles de la connaissance et de la Conscience. Loin d'être l'image du mal ou du démon, notre gardien du seuil est notre protecteur. Le combat entre le dragon et le chevalier symbolise l'affrontement entre ce gardien et notre conscience, l'épreuve par laquelle nous devons démontrer notre courage et notre force. Il ne s'agit d'ailleurs pas de blesser ou de tuer cet animal mais de vaincre nos propres peurs et de mériter ainsi le respect de notre gardien. Ce n'est pas nous qui le soumettons de force, c'est lui qui s'incline avec amour lorsque nous lui avons prouvé que nous avons suffisamment grandi que pour chevaucher désormais cette féroce monture. Apprivoisé par notre transformation intérieure, il continue alors de nous protéger mais cette fois avec toute la fidélité et l'obéissance d'un chien de garde que nous aurions éduqué nous-mêmes.

 

Le gardien du seuil apparaît lorsque la personne a franchi assez de peurs que pour se préparer à l'affronter puis à apprivoiser progressivement le contenu de son inconscient. Il peut se manifester de diverses manières, par exemple à travers des rêves, des visions ou des méditations. Le combat entre un être et son gardien est l'image de sa lutte intérieure pour surmonter ses peurs et ses limites, de sa maîtrise de sa nature la plus sombre afin de convertir son ombre en un allié. Dans la suite de ce texte, je désire partager avec vous ma découverte de mon animal gardien, l'araignée, et le long processus d'apprivoisement que j'ai parcouru avant de l'avoir pleinement intégré dans ma conscience. Ils sont le résultat d'années de pratiques, d'introspection et d'épreuves.

 

Ma phobie des araignées

 

   Ma mère a une phobie des araignées et j'héritai d'elle une peur panique de celles-ci. Cette angoisse grandit encore à l'adolescence. J'en avais une telle crainte que j'avais développé un sixième sens qui m'avertissait immédiatement de la présence d'une araignée dans une pièce, même si elle se trouvait derrière mon dos. En lisant 1984 de George Orwell, j'avais été extrêmement frappée par la scène où le personnage principal abandonne tout lorsqu'il est confronté à sa peur des rats. En refermant ce livre, j'avais été convaincue que je ne pourrais jamais être libre tant que je serais soumise à une peur quelconque et l'image de l'araignée m'était bien évidemment venue à l'esprit. Mais j'avais bien trop peur de cet animal pour songer à travailler sur cette phobie qui s'étendait même aux photos d'araignées ou aux araignées en plastique avec lesquelles jouent les enfants.

Je ne songeai donc plus à chercher à la réduire jusqu'à ma rencontre avec l'occultiste qui me guida pendant plusieurs années. Je lui avais naturellement parlé de ma phobie et il m'avait assuré qu'un mage se doit de dominer toutes ses peurs s'il ne veut pas être leur jouet. Il attendit cependant plusieurs mois de pratiques avant de réaborder ce sujet car il avait eu l'occasion de remarquer ma panique face à une araignée de quelques millimètres. C'est au cours de ma troisième ascèse occulte en sa compagnie qu'il me proposa de voir avec lui le film Arac Attack, comme épreuve initiatique. Bien que je sois restée tendue pendant toute la projection, je réussis à regarder le film jusqu'au bout sans en détourner les yeux, ce qui était une première victoire par rapport à ma phobie car j'avais l'habitude de fermer les yeux lorsqu'une araignée géante apparaissait à l'écran. Quelques jours plus tard, je trouvai le courage de toucher la patte d'une faucheuse, après une méditation sur la Mère, en La voyant en elle. Ce premier geste marqua le commencement d'un travail de fond sur ma peur. Dans l'année qui suivit, je multipliai les efforts pour la dominer.

 

J'achetai une mygale en plastique et la posai sur la cheminée de mon salon pour m'habituer à sa vue. Les premières fois, j'avais un choc émotionnel à chaque fois que j'entrais dans la pièce mais je m'y habituai progressivement. Après quelques semaines, j'étais capable de la prendre dans mes mains et de la poser sur des parties de mon corps sans que cela réveille ni angoisse ni répulsion en moi. Je parcourus également des livres avec des photos d'araignées et m'accoutumai à leur vue. Je méditais sur les araignées et j'étais parvenue à appeler un esprit araignée en invocation. Sa vibration m'avait serré le coeur mais j'avais été capable de supporter sa présence, ce qui me semblait déjà un grand progrès.

 

Je me sentis donc assez forte pour passer à une étape supplémentaire. Je me rendis au musée des sciences naturelles, où il y avait une dizaine de mygales vivantes, afin de méditer sur elles. Je fis lentement le tour de la pièce et fixai mon choix sur l'une d'entre elles. Je plongeai mon esprit en elle et, à ma grande surprise, ma peur s'évanouit quasi immédiatement quand je perçus ses émotions. Je fus emplie de compassion à son égard car je sentis télépathiquement sa souffrance d'être enfermée dans cette cage de verre. Je ressentais tellement fort sa détresse que mon coeur déborda d'amour pour elle. Je lui transmis de l'énergie et je cherchai à l'encourager de mon mieux. Elle m'avait tellement touchée que je la trouvais belle, et j'étais triste de devoir la quitter et la laisser là.


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Cette rencontre se fixa fortement dans mon esprit car, pour la première fois, j'avais ressenti de la tendresse pour une araignée, sans la moindre trace de peur. C'était une révélation et je savais désormais que j'étais capable d'amour à leur sujet. Dans les mois qui suivirent, j'eus d'ailleurs l'occasion de toucher plusieurs petites araignées et de retrouver dans mon coeur une attention protectrice à leur égard.

 

Elles restaient cependant dans ma psyché le symbole de l'angoisse et apparaissaient comme tel dans mes rêves. Aussi est-ce le coeur inquiet que j'attendais l'arrivée de l'araignée dans le troisième film du Seigneur des Anneaux. Cependant, lorsqu'elle apparut, je me rendis compte de la réduction de ma phobie : non seulement je n'avais plus peur des araignées à l'écran, même géantes, mais je ressentis de nouveau de la compassion pour cet animal lorsque je vis Sam le pourfendre. J'en avais les larmes aux yeux.

 

La découverte de mon gardien

 

Le plus gros de ma phobie était désormais derrière moi. Mon esprit s'était assez ouvert pour accueillir la révélation qui m'attendait. Quelques semaines après avoir visionné ce film, je fis un rêve intense et marquant. Dans un paysage de rocailles désertiques, deux immenses pattes de plusieurs mètres de hauteur m'apparurent de derrière une colline. Paralysée par la peur, je compris qu'il s'agissait d'une araignée et qu'elle ne me montrait que ses deux pattes de devant pour ne pas m'effrayer. J'entendis alors sa voix m'affirmer :« Je suis ton gardien ». Je me réveillai très impressionnée mais incapable de comprendre ce que cela signifiait.

 

Je fis des recherches et je compris qu'elle était le gardien du seuil, l'être qu'il me faudrait combattre et vaincre car c'est ainsi que je l'avais alors interprété. Cette révélation ne me fit pas du tout plaisir, comme vous pouvez l'imaginer. Moi qui croyais que j'en avais presque terminé avec cette peur puisque j'étais maintenant capable de voir des images ou des films sans m'émouvoir, que j'avais touché plusieurs araignées de différentes tailles et que j'acceptais même la vibration de leur sphère astrale. Et je découvrais soudainement que toutes ces épreuves que j'avais traversées (seuls ceux qui ont connu une phobie comprendront la force de volonté et le courage qui est exigé de celui qui veut la surmonter) n'avaient été que le prélude, qu'une bataille bien plus terrible encore m'attendait.

 

Quelques mois plus tard, je lus dans un livre sur les araignées qu'elles appartiennent à la même classe que les scorpions (les arachnides), élément dont j'avais connaissance mais qui ne m'avait jamais frappé jusqu'alors. Le scorpion est mon signe astrologique et je me suis toujours identifiée à lui. Il me sautait donc maintenant aux yeux que ma peur des araignées, que j'avais longtemps attribuée à la phobie de ma maman ainsi qu'au symbole d'une mère possessive, était une crainte face à une part de moi-même que je refusais et dont j'avais horreur. Je fis oeuvre d'introspection et la vérité m'apparut : j'avais bien différents défauts et qualités en analogie avec cet animal. Les qualités de l'araignée n'étaient pas celles que j'appréciais le plus en moi mais ses défauts étaient certainement ceux que je ne voulais pas accepter.

 

Mes rapports avec l'araignée se montraient sous un jour nouveau. Il ne s'agissait plus désormais de vaincre une phobie que j'avais réduite à n'être plus qu'une aversion. L'araignée était un de mes « animaux de pouvoir ». Que cela me plaise ou non, je devais apprendre à aimer et apprivoiser cette part de moi qui j'avais rejetée dans l'ombre. Je décidai donc de la considérer comme telle et j'évoquai la sphères des araignées.

 

Ayant fait tuer des dizaines de ces arachnides dans ma jeunesse par mon père puis mon copain (j'en avais bien trop peur pour les écraser moi-même), je me sentais comme le bourreau ou l'assassin qui doit se rendre dans un pays rempli de ses victimes ou de leur famille. J'étais donc très loin d'être à l'aise à l'idée de les rencontrer. Mais les esprits araignées me rassurèrent immédiatement : dès que je fus dans la zone astrale qui leur est dédiée, je me sentis accueillie par des centaines d'araignées de toutes les tailles et les espèces, qui entouraient mon cercle de leur attention et de leur affection. J'étais comme protégée par leur cocon et je sentais que j'étais bien une des leurs. Derrière leur apparence dure et froide, je percevais leur délicatesse et leur amour. Je leur demandai bien sûr de m'aider à aimer et accepter les araignées physiques mais surtout les aspects de mon caractère qui leur ressemblaient.

 

Pendant les deux années qui suivirent, je continuai à pratiquer et travailler occultement sur moi mais je ne me concentrai plus spécialement sur les araignées puisque j'avais dépassé cette phobie.

 

L'intégration du gardien du seuil

 

Mon gardien se rappela à mon bon souvenir en été 2006. Je rêvai à nouveau de lui. Cette fois-ci, il m'apparut sous la forme d'araignées enfermées dans une cage en haut d'une tour. Dans mon rêve, j'identifiai l'araignée principale à la Mère et, désolée de voir ces pauvres animaux emprisonnés, je brisai de mon épée le filet qui les retenait, consciente que ma compassion pour eux libérait ainsi des dizaines d'araignées qui allaient courir autour de moi. Mais lorsque je les libérai, l'araignée principale prit la forme d'un chat, un de mes animaux alliés, et me parla. Elle me dit que j'avais réussi l'épreuve et que je devais revenir vers elle pour qu'elle me donne son initiation. Au réveil, très excitée, je compris que le moment approchait où j'intégrerais définitivement en moi cette part si longtemps refoulée. Je découvrais également que, comme me l'avait déjà enseigné la visite au musée des sciences naturelles, l'amour en était la clé. Je fis d'ailleurs dans les jours qui suivirent deux rêves qui me confirmaient que ce n'était pas en combattant et agressant mon gardien que je le vaincrais mais que c'est par mon amour et mon acceptation de sa nature que je me l'allierais.

 

A partir de ce moment, je remarquai que des araignées physiques apparaissaient dans l'endroit où je séjournais la veille des jours où je me trouvais confrontée à mon ombre et à des émotions liées à mon inconscient. Mon gardien me prévenait ainsi de ce qui m'attendait et me permettait de mieux réagir à ce qui allait se passer. A cette époque, j'envoyai régulièrement de l'amour à mon araignée intérieure en voyant que je la serrais contre mon coeur, que je l'acceptais et que je l'aimais. Je méditai aussi plusieurs fois sur l'image suivante pour mieux l'intégrer en moi : je me visualisais avec des pattes d'araignée autour de mon corps, comme si j'étais un hybride entre femme et araignée.

 

En août 2007, je partis avec Attila pour une ascèse de dix mois en montagne. Deux mois plus tard, une grosse araignée apparut devant mon nez pendant que je faisais la vaisselle et, à ma grande surprise, elle pénétra lentement dans l'évier rempli d'eau. Stupéfaite, je ne réagis que quelques secondes plus tard mais elle était déjà morte. En réfléchissant sur ce signe, je ressentis qu'il devait signifier qu'il était temps que j'intègre mon araignée-gardien et que j'ouvre la porte de mon inconscient. Cela s'expliquait sans doute par le fait que, depuis deux mois, j'avais médité sur mon ombre et cherché à l'intégrer par différentes pratiques.

 

Quelques temps plus tard, alors que je traversais des difficultés émotionnelles dues à une rupture avec une amie que j'aimais profondément, je fus mise face à mon gardien. Pendant que je parlais avec Attila des sentiments que m'inspirait cette femme, je vis clairement passer sur mon écran mental une image d'araignée. Etonnée, je prêtai attention à mes énergies et remarquai qu'un bloc sombre et dense occupait mon plexus solaire. En plongeant ma conscience en lui, je reconnus immédiatement l'énergie de la sphère des araignées. Cette force si longtemps retenue se montrait en moi consciemment, prête à attaquer pour me défendre. Je m'endormis quelques minutes plus tard, ravie de sentir pour la première fois mon gardien se manifester aussi tangiblement.

 

Dans les jours qui suivirent, contrairement à ce que j'avais imaginé ce soir-là, la sensation de la présence de l'araignée ne disparut pas. Je la sentais en moi, veillant farouchement au niveau de mon plexus, ce qui n'était pas très agréable : j'avais l'impression d'être comme coupée en deux par cette énergie « étrangère » au centre de mon corps. Je demandai conseil à un esprit de la nature. Il m'expliqua que j'acceptais désormais cette part de moi, raison pour laquelle elle se montrait dans ma conscience, mais que je me méfiais encore d'elle et que je la cantonnais donc à cette partie, refusant de la laisser déployer son énergie dans tout mon être. Il m'indiqua que la seule solution était de l'intégrer totalement en moi, en voyant que son énergie se répandait de mon plexus à tout mon corps. J'agis comme il me le conseillait et l'énergie de l'araignée, libérée, se mêla à mon énergie habituelle.

 

Depuis ce moment, j'ai intégré mon gardien en moi, je l'ai apprivoisé et accepté. Lorsque mon araignée sent que moi ou un de ceux que j'aime est menacé, je ressens immédiatement les mesures de protection qu'elle veut prendre. Parce que je la connais, je comprends maintenant l'origine et la raison des pulsions, des sentiments et des idées qui me traversent à de tels moments. N'étant plus mue par des émotions inconscientes, voyant la protection que mon gardien veut appliquer, je peux librement choisir de laisser ou non cette force s'exprimer ainsi. Je peux aussi faire appel à l'araignée, à son intelligence et à son énergie, lorsque je sens que sa force pourrait m'être utile. Je peux par exemple très aisément la projeter hors de moi, pour qu'elle densifie son énergie ou agisse sur des personnes, même à distance. Elle est devenue une part de moi à laquelle je peux me fier, comme un de mes membres ou une des forces de mon caractère. Emergée de l'ombre où elle est restée cloîtrée trop longtemps, elle a intégré ma vie pour toujours.

 

L'ouverture de mon inconscient

 

J'aurais pu croire que cela allait s'arrêter là mais quel sens y aurait-il à apprivoiser le gardien du seuil sinon pour pénétrer dans le royaume dont il gardait la porte ? Deux mois passèrent pendant lesquels je continuai à pratiquer assidûment. L'intégration de mon gardien m'avait rendue plus forte et plus sûre de moi ; je me sentais plus entière, plus moi-même. Un soir, au cours d'une des méditations les plus intenses que j'avais vécue jusqu'à ce moment, alors que je sentais la puissance et l'énergie de la Mère m'envahir totalement, je pensai soudain à ouvrir mon inconscient. Dans cet état d'extase mystique où seule la Mère comptait, cette inspiration me vint sûrement d'Elle. Je ne réfléchis pas à ce que je faisais, je sus d'instinct ce que je devais faire. Emplie de Son énergie, j'émis de tout mon être le souhait que mon inconscient s'ouvre et que tout son contenu pénètre dans ma conscience. Je ressentis comme si une porte s'ouvrait vers l'arrière de ma tête et comme si je recouvrais une nouvelle part de mon cerveau dont je n'avais pas conscience auparavant.

 

Si ce n'est le fait d'avoir conscience de cette zone de mon crâne, rien de spécial ne se passa sur le moment. Mais je savais que la Mère m'avait exaucée, j'avais uni en moi ces deux parts. Dès le lendemain de cette méditation, je me trouvai très fatiguée et incapable de pratiquer. Cela ne m'étonna pas trop car cela m'était déjà arrivé lorsque je touchais à des états de conscience auxquels je n'étais pas habituée. Cependant, malgré que je prenne soin de me reposer, l'épuisement que je ressentais ne se dissipa pas les jours suivants. Je ne parvenais pas à méditer correctement car, dès que j'essayais, j'étais distraite par diverses pensées sans importance, comme si une part de moi refusait de méditer. Les seules pratiques que je parvenais à réaliser sans peine étaient des pratiques magiques actives comme des consécrations ou des influences. Le reste de la journée, je me traînais comme si j'étais vidée de ma sève. Cette situation dura deux ou trois semaines.

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Une éclipse solaire.

La lune (symbole de l'inconscient) en conjonction avec le soleil (symbole du conscient) et voilant la lumière de celui-ci.

Un soir de pratique, je ressentis si fortement l'araignée en moi que j'en étais toute excitée énergétiquement et que j'étais incapable de me concentrer sur quoi que ce soit d'autre qu'elle. Elle m'emplissait de force vitale et je compris qu'elle voulait me protéger d'un danger qui venait de l'intérieur de moi-même. Le lendemain, je me réveillai encore pleine de son énergie combative et je sus que j'avais de nouveau assez de force que pour me remettre à bien pratiquer.

 

L'après-midi, au cours d'une pratique d'identification à Vajra-Yogini (shakti de l'illumination à laquelle sont consacrés plusieurs exercices des doctrines de Naropa), je ressentis à quel point j'avais peur. Du plus profond de moi émanait la peur de la lumière. J'avais parfois éprouvé de tels sentiments dans le passé au cours de certaines pratiques très lumineuses mais jamais avec la violence actuelle. C'était cette peur qui m'avait visiblement empêchée de bien pratiquer depuis plusieurs jours. Au sortir de la méditation, je réfléchis et je me convainquis que le meilleur remède pour sortir rapidement de cette situation était de prier de tout mon coeur.

 

Le soir-même, je priai ardemment mon guide astral (c'est-à-dire l'entité de lumière qui veille sur moi personnellement) et ma Conscience (la part divine, infinie et éternelle présente en moi) de m'aider dans l'obscurité intérieure dans laquelle je me trouvais. Je compris que la peur que j'éprouvais venait d'un refus de voir en moi tout ce qui y grouillait depuis que j'avais ouvert les portes de mon inconscient. Sous la douce inspiration de mon ange gardien, je sus ce que j'avais à faire. Je plongeai mon regard intérieur en moi et je ressentis des centaines d'énergies ou d'êtres minuscules présents en moi, chacun différent. De plusieurs, je sentais émaner une grande souffrance. Alors, j'éprouvai de l'amour et de la compassion pour toutes ces parts de moi qui vivaient recluses depuis si longtemps : ces chagrins, ces frustrations, ces colères, ces pulsions, ... que j'avais emmurées dans mon inconscient car je n'avais pas été capable de les gérer, dans cette vie ou dans une autre. Je plongeai ma conscience en elles et je leur parlai avec douceur comme j'avais appris à le faire avec l'araignée autrefois : je leur dis que je les acceptais et que je les aimais, je visualisai qu'elles s'exprimaient et se manifestaient librement dans tout mon être sans que je les limite en aucune façon, je méditai sur elles pour sentir en elles la présence divine de ma Conscience et je vis qu'elles étaient des manifestations de la divine Shakti, etc.

 

Pratiquer ainsi m'apaisa et je sortis de cette méditation rassurée et confiante dans la suite des événements. Dans la semaine qui suivit, je pus reprendre mes pratiques de méditation quotidiennes sans y rencontrer les difficultés des semaines précédentes. Ce qui était sorti de mon inconscient se manifestait parfois la journée par des émotions, parfois la nuit dans mes rêves, témoignant du fait que je le digérais et l'intégrais progressivement en moi. Lorsque j'étais confrontée ainsi à ces messages de mon passé, j'agissais comme dans la pratique où mes guides intérieurs m'avaient inspirée : je les écoutais et les entourais de ma compréhension et de mon amour.