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La Magie chez les Chaldéens

et les origines accadiennes

 

Auteur: François Lenormant (1837-1883)

Le livre en PDF: La Magie chez les Chaldéens

 

Voici un extrait de l'ouvrage:

PREFACE

L'histoire de certaines superstitions constitue l'un des chapitres les plus étranges, mais non l'un des moins importants de l'histoire de l'esprit humain et de ses développements. Quelque folles qu'aient été les rêveries de la magie et de l'astrologie, quelque loin que nous soyons maintenant, grâce au progrès des sciences, des idées qui les ont inspirées, elles ont exercé sur les hommes, pendant de longs siècles, et jusqu'à une époque encore bien rapprochée de nous, une influence trop profonde et trop décisive pour être négligée de celui qui cherche à scruter les phases des annales intellectuelles de l'humanité. Les siècles les plus éclairés même de l'antiquité ont ajouté foi à ces prestiges ; l'empire des sciences occultes, héritage de la superstition païenne survivant au triomphe du christianisme, se montre tout -puissant au moyen âge, et ce n'est que la science moderne qui est parvenue à en dissiper les erreurs. Une aberration qui a si longtemps dominé tous les esprits, jusqu'aux plus nobles et aux plus perspicaces, dont la philosophie elle-même ne s'est pas défendue, et à laquelle, à certaines époques, comme chez les Néoplatoniciens de l'école d'Alexandrie, elle a donné une place de premier ordre dans ses spéculations, ne saurait être exclue avec mépris du tableau de la marche générale des idées. Il importe de l'étudier avec attention, d'en pénétrer les causes, d'en suivre les formes successives, et de déterminer à la fois l'influence que les croyances religieuses des différents peuples et des différents âges ont eue sur elle, et l'influence qu'à son tour elle a exercée sur ces mêmes croyances. D'autres chercheront à établir — et c'est, sans con-tredit, une des faces les plus curieuses de l'histoire des sciences occultes — la part de faits réels mal expliqués et de connaissances physiques maintenues à l'état d'arcanes qu'elles ont pu embrasser. Pour nous, notre ambition est seulement de scruter les origines de la magie dans un de ses plus antiques foyers, et de tracer le tableau de ce qu'elle était en Chaldée.

Le témoignage unanime de l'antiquité grecque et latine aussi bien que la tradition juive et arabe désignent l'Egypte et la Chaldée conmie les deux berceaux de la magie et de l'astrologie constituées à l'état de sciences, avec des règles fixes, raisonnées et formulées en systèmes, telles qu'elles se substituèrent, à partir d'une certaine époque, aux pratiques moins raffinées, et d'apparence moins savante, des goètes et des devins primitifs. Mais ce que les écrivains classiques ou les Livres Saints rapportent des sciences occultes dans ces deux contrées si antiquement civilisées est bien vague et bien douteux; on ne sait dans quelle mesure il faut l'admettre, et surtout on n'y voit pas apparaître nettement les traits propres qui distinguaient la magie et l'astrologie des Egyptiens de celles des Chaldéens et des Babyloniens. Quant aux dires des écrivains orientaux du moyen âge, ils sont tellement remplis de fantastique, l'esprit critique et les caractères d'authenticité y font tellement défaut, que la science ne peut y attacher aucune valeur sérieuse.

Mais le déchiffrement des hiéroglyphes de l'Egypte et des écritures cunéiformes du bassin de l'Euphrate et du Tigre, ces deux merveilleuses conquêtes du génie scientifique de notre siècle fournissent aujourd'hui, pour réclaircissement d'un aussi curieux problème, des secours qui eussent, il y a seulement cinquante ans, semblé tout à fait inespérés. C'est dans les sources originales que nous pouvons désormais étudier les sciences occultes de l'Egypte et de la Chaldée. Les débris, assez nombreux, des grimoires magiques et des tables d'influences astrales, qui ont survécu aux ravages du temps sur des feuillets de papyrus en Egypte, sur des tablettes de terre cuite (coctilibus laterculis, comme disait Pline) en Chaldée et en Assyrie, s'interprètent avec certitude par les méthodes de la philologie moderne, et révèlent directement à leurs explorateurs en quoi consistaient les doctrines et les prétendus secrets de ceux qu'astrologues et magiciens, dans la Grèce et à Rome, reconnaissaient pour leurs maîtres.

Plusieurs travaux importants ont été consacrés, dans les dernières années, aux documents relatifs à la magie égyptienne, et l'illustre vicomte de Rougé, dont la mort a été si regrettable pour la science française, avait expliqué les tableaux des influences des étoiles tracés sur les parois des tombes royales de Thèbes. En revanche, on n'a presque rien tenté encore sur les documents qui touchent à la magie et à l'astrologie des Chaldéens, adoptées docilement par les Assyriens, comme presque tous les enseignements sacerdotaux de la Chaldée et de Babylone. Ceci tient sans doute à ce que la science de l'assyriologie n'a pris naissance qu'après celle de l'égyptologie ; on n'a donc pas eu le temps de parcourir de la même façon tout son domaine, et la majeure partie des textes qui attendent de cette science leur interprétation demeurent encore inédits. Je voudrais combler la lacune que je viens de signaler; j'essayerai de faire connaître et de caractériser, à l'aîde de documents qui, pour la plupart, n'ont pas encore été traduits, ce qu'étaient la magie chaldéenne, ses procédés et ses doctrines. Je la comparerai à la magie de l'Egypte, afin de faire voir combien elle en diffère et comment son point de départ était tout autre. Scrutant ensuite les croyances religieuses particulières qui y servaient de base, je rechercherai quelle en a été l'origine, quel élément ethnique l'a implantée sur les bords de l'Euphrate et du Tigre. Et cette recherche me conduira, pour terminer, à l'examen d'un des plus graves problèmes historiques que le déchiffrement des textes cunéiformes ait introduits dans la science, le problème de là primitive population touranienne de la Babylonie et de la Chaldée.

Dans un autre travail, dont j'ai en partie déjà rassemblé les matériaux, j'étudierai de même ce qui touche à l'astrologie et à la divination des Chal- déens, au système et à l'origine de ces prétendues sciences dans les écoles sacerdotales dont elles fai- saient la gloire, ainsi qu'aux connaissances réelles d'astronomie que Babylone et la Chaldée ont léguées au monde postérieur, et dont nous sonunes nous- mêmes encore les héritiers.